Aérer c'est bon pour la santé !
Le bâtiment lui-même est déjà une première source de pollution. Un grand nombre de plastique, de caoutchouc, d’agglomérés et de peintures libèrent des particules organiques volatiles qui peuvent irriter le nez, la gorge et les yeux, occasionner des étourdissements, des palpitations, des nausées et des problèmes de concentration ainsi qu’aggraver l’asthme. Des expositions prolongées peuvent conduire à des troubles qu’on regroupe sous le nom de syndrome psycho-organique, connu aussi sous le nom de maladie des peintres. Donc, maisons neuves ou en cours de rénovation doivent être aérées suffisamment, l’aération favorisant en plus l’assèchement de l’habitation.
Dans les vieilles maisons, et certainement lors de travaux, il faut être attentif à la présence d’amiante. Il est préférable de faire appel à un professionnel pour éliminer les plaques en contenant. Les fibres d’amiante qui peuvent être libérées sont hautement nocives, non pas tant parce qu’elles peuvent causer une asbestose que par le risque de cancers auquel elles exposent le public : cancer de la plèvre et du péritoine jusque 40 ans après une exposition, cancer du poumon. Le risque de cancer du poumon est d’autant plus grand chez les fumeurs. Tout qui a un contact avec l’amiante doit arrêter de fumer. Les autres aussi d’ailleurs !
Le radon constitue un risque spécifique. Il s’agit d’un gaz radioactif qui naît de la dégradation de l’uranium présent en faible concentration dans le sous-sol rocheux ainsi que dans des matériaux de construction d’origine minérale. Ce gaz inodore et incolore peut, par inhalation, provoquer un cancer du poumon, particulièrement chez les fumeurs actifs et même passifs. Étant donné la nature du sous-sol, ce risque est mieux connu en Wallonie qu’en Flandre, par les campagnes de prévention qui y ont été menées.
Bien des pollutions atmosphériques sont causées par les habitants eux-mêmes : parfums de toute nature, assainisseurs d’air ( !), produits d’entretien ou de lutte contre les nuisances domestiques sans oublier naturellement, les colles, peintures et vernis occasionnels dont les particules organiques, en s’associant, créent des amalgames susceptibles d’irriter directement ou de favoriser le développement d’allergies.
Des allergies peuvent être causées aussi par des plantes, des fleurs, des animaux domestiques comme des chiens et des chats, mais aussi des oiseaux et même la nourriture sèche des poissons rouges ! La mesure dans laquelle tout ceci peut affecter la qualité de l’air ambiant va dépendre de la manière dont la maison est entretenue et du degré de sévérité de l’allergie. En outre, les oiseaux peuvent être porteurs de bactéries spécifiques (Chlamydia psittaci, rendant malades pigeons et perroquets) pouvant contaminer les habitants par contact ou via l’air.
Un fléau bien connu est l’acarien qui niche dans les endroits douillets, le lit, les sièges, les coussins et les tapis, bref tous les endroits humides et chauds favorables à sa croissance. Les allergies à leurs excréments sont largement répandues et s’avèrent une véritable épreuve, particulièrement pour les patients asthmatiques. La lutte contre ces petits monstres réclame beaucoup d’énergie, en particulier dans la chambre à coucher qu’il faut aérer et éclairer autant que possible, nettoyer à l’eau, chauffer le moins possible, dégager de ses animaux en peluche, coussins et tapis, en n’oubliant pas d’aspirer le matelas.
On a déjà cité le tabagisme comme facteur de risque supplémentaire en cas de pollution par le radon et l’amiante. Il est une source de pollution de l’air intérieur qui transforme les occupants en ‘fumeurs passifs’. Les effets du tabagisme passif ont été largement prouvés du point de vue des infections des voies respiratoires, de la mort subite du nourrisson et du cancer du poumon. La prévention est simple naturellement: ne jamais fumer à l’intérieur et ne pas le permettre. Mieux encore : arrêter de fumer mais cela, vous le saviez déjà !
Préparer de bons petits plats, c’est toujours agréable... mais pas pour l’air. Cuisinez autant que possible avec un couvercle sur vos marmites et en actionnant la hotte aspirante. Sa mise en route entraîne bien évidemment un apport d’air froid à l’intérieur mais le réchauffement demande moins d’énergie que d’essayer de maintenir une température ambiante en présence de vapeur d’eau. De plus, si vous cuisinez au gaz, la hotte favorise l’évacuation du dioxyde de carbone, prévenant ainsi la formation de monoxyde.
L’utilisation d’appareils de chauffage, de cuisinières ou de chauffe-eau, au gaz ou au pétrole, s’avère une calamité pour la qualité de l’air s’il n’y a pas d’évacuation des fumées. Un seul bon conseil en l’occurrence : débarrassez-vous en ! Chaque année, on déplore des morts car leur utilisation demande tellement de précautions pour éviter tout risque d’intoxication au monoxyde que la moindre défaillance est fatale. En plus, ces appareils ne constituent pas une solution structurelle, donc s’il n’existe aucune possibilité pour évacuer les fumées, il vaut mieux choisir des appareils électriques.
Les moisissures représentent un problème dans beaucoup de vieilles maisons mais aussi dans les neuves. Elles peuvent occasionner des réactions allergiques mais aussi parfois de fâcheuses infections, particulièrement chez les personnes affaiblies. On peut venir à bout des moisissures localement avec un produit de nettoyage et un peu d’eau de Javel mais souvent, ce n’est pas suffisant. Leur apparition est due, en général, à un problème structurel d’humidité : un pont thermique, une infiltration d’eau ou une humidité ascensionnelle. Parfois, il s’agit d’une erreur de conception architecturale, aussi incroyable que cela puisse paraître, comme une cuisine sans aération. Il n’y a pas d’autre solution alors que de faire appel à un homme de métier.
Ceci nous conduit tout naturellement à parler d’un élément très important de l’air intérieur, à savoir le taux d’humidité. Il peut être trop bas et provoquer dès lors des problèmes. C’est le cas, dans nos régions, lorsque l’air conditionné est mal réglé. Respecter le mode d’emploi de telles installations et les faire entretenir régulièrement par un professionnel s’avèrent indispensables, pour éviter aussi que par ce biais se répandent des bactéries et virus présents dans l’air...
Mais en général, le taux d’humidité est trop élevé. Cuisiner, nettoyer, laver la vaisselle, repasser, beaucoup de travaux ménagers produisent de la vapeur d’eau. Les plantes et les fleurs y contribuent aussi ainsi que les occupants, hommes et animaux domestiques qui libèrent par ailleurs du dioxyde de carbone. De plus, ils consomment naturellement de l’oxygène. L’air humide est plus difficile à réchauffer et peut amener à des problèmes d’humidité en raison de la condensation tandis qu’un manque d’oxygène et un excès de dioxyde de carbone entraînent des maux de tête, de la fatigue et des problèmes de concentration.
La solution réside dans la ventilation. Les vieilles maisons remplies de courants d’air peuvent s’en passer, mais pas les nouveaux bâtiments isolés d’aujourd’hui. Le système le plus simple consiste à installer des grilles d’aération, au-dessus des fenêtres par exemple. Elles permettent l’évacuation de l’air ambiant pollué et son remplacement par de l’air frais, riche en oxygène. Ces grilles ne fonctionnent que si elles sont ouvertes. Ne les fermez donc pas toutes même si c’est pour des raisons d’économie de chauffage... Parfois ces grilles sont combinées avec une ventilation mécanique dans les locaux humides, la cuisine, la salle de bains et les toilettes. Ici, à nouveau, il ne faut pas fermer ces grilles et renforcer par après l’aspiration pour arriver à un résultat satisfaisant... Pour créer un bon climat intérieur, l’idéal est bien sûr un système de ventilation avec récupérateur de chaleur. En outre, il est parfois nécessaire d’aérer quand la ventilation s’avère insuffisante à évacuer des odeurs de peinture, de nouveaux meubles, de tabac ou simplement pour rafraîchir l’atmosphère lorsque beaucoup de monde s’est réuni. Dix à vingt minutes toutes portes et fenêtres ouvertes suffisent. Évitez seulement d’ouvrir les fenêtres donnant sur la rue aux heures de pointe !
De tout ce qui précède, nous pouvons conclure ceci : à moins d’une catastrophe, il n’est pas nécessaire de rester confinés dans nos habitations sous prétexte que l’air extérieur est de piètre qualité car un bon air intérieur exige un bon air extérieur...