Les médicaments ne sont pas des bonbons !
Les médications prescrites et consommées à bon escient et sous contrôle ont leur utilité. Cependant, il ne faut pas perdre de vue leur toxicité possible, notamment pour le foie, les reins ou le système digestif, surtout lors d'un usage prolongé. Même utilisées normalement, des substances d'apparence anodine peuvent parfois se révéler dangereuses.
Tout ce que nous consommons pénètre au plus intime de notre organisme et de nos cellules. C'est vrai pour ce que nous inhalons, pour ce que nous buvons ou mangeons. C'est encore vrai en ce qui concerne les produits à usage dermatologique. Les médicaments ne font donc pas exception. Il est important pour chacun de comprendre que même pour un professionnel de la santé, il peut être difficile d'appréhender tous les effets secondaires possibles, ainsi que les influences innombrables que toutes ces substances peuvent avoir les unes sur les autres, via des mécanismes complexes et pas toujours connus. C'est ce qu’on appelle les « interactions médicamenteuses ». C'est pourquoi, il est important de signaler à votre médecin les produits, même dits « naturels » que vous consommez, mais qui pourraient peut-être interagir avec le traitement préconisé. Le millepertuis, par exemple, est parfois évoqué par des patients au tempérament dépressif. Ce produit peut interagir avec d'autres médicaments d'usage courant, tels les contraceptifs oraux, d'autres antidépresseurs, les antimigraineux et j'en passe.
« Naturel » ou « à base de plantes » n'est pas forcément synonyme d'innocuité. Souvenons-nous de l’évolution dramatique de ces patientes qui consommaient des préparations phytominceur et se sont retrouvées en dialyse suite à une malheureuse confusion entre deux extraits de plantes. Il est donc toujours utile de « demander conseil », selon la formule consacrée, « à son pharmacien et/ouà son médecin ». Par leur connaissance de vos antécédents et de votre éventuel traitement en cours, ils sont les plus aptes à détecter de possibles risques de complications lors de I'usage occasionnel d'un médicament.
C'est dans cet esprit que depuis 2007/2008, la décision a été prise de signaler les spécialités contenant un nouveau principe actif, afin d'attirer l'attention des médecins et des pharmaciens sur le fait que l'expérience d'utilisation de celles-ci est limitée. Pour ce faire, un symbole ▼ a été ajouté en regard du nom de ces produits dans le Répertoire commenté des médicaments, édité par le Centre belge d'information pharmacothérapeutique (C.B.I.P.).
Depuis 2012, une nouvelle législation européenne a encore renforcé le dispositif de pharmacovigilance en Europe. Elle a élargi la définition des « effets indésirables » aux problèmes survenant en dehors des conditions normales d’emploi d’un médicament (un surdosage, par exemple). De plus, elle a rendu accessible à tous les autres soignants ainsi qu’aux patients la notification d'effets secondaires qui était réservée jusque-là aux seuls médecins et pharmaciens. Chacun peut donc rendre compte d'un éventuel effet indésirable d'un traitement via un formulaire spécifique accessible en ligne.
Une banque de données européenne des effets indésirables (supposés ou réels) est également mise à la disposition du public.
Depuis l'automne 2013, le symbole ▼ figure aussi dans la notice de certains médicaments faisant l'objet d'une surveillance rapprochée. Cela concerne surtout les nouveaux traitements. Ce symbole n'est pas synonyme de danger, mais signale à l'utilisateur que les informations les concernant paraissent encore insuffisantes.
Rassurez-vous ! Tous les médicaments mis sur le marché ont été largement étudiés et contrôlés et leur usage a été reconnu utile à la santé humaine dans leurs indications officielles. Mais leur innocuité n’est pas avérée à 100% du fait qu’ils ont été testés sur un groupe limité de personnes sélectionnées, placées dans des conditions artificielles pendant une période de temps limitée. Le symbole ▼ ne doit donc pas vous effrayer. Il attire juste votre attention sur tout effet indésirable possible, qu'il soit ou non en rapport avec le produit utilisé, en vous invitant à le signaler à l’Agence fédérale des Médicaments.
Depuis des décennies, les médicaments sont intégrés à notre mode de vie et sont consommés quotidiennement par de très nombreuses personnes. Les contrôles lors du développement d'une molécule sont extrêmement poussés. L'attention de l'industrie, des scientifiques et des prestataires de soins, ainsi que la nôtre doit rester en éveil. Pour autant, la découverte d'une intolérance à un traitement ne doit pas rompre la confiance dans notre système de soins. En effet, l’apparition d’interactions ou d’effets secondaires rares doit être mise en perspective avec la consommation à grande échelle des médicaments qui peuvent en être à l’origine. Cette consommation est le fait de très nombreux patients aux modes de vie différents et qui absorbent éventuellement quantité d'autres produits. En conclusion, il ne faut pas bouder notre chance de bénéficier d'importants progrès thérapeutiques, mais il faut consommer à bon escient et rester vigilants !